Une entreprise sherbrookoise en lice pour un prix de 50 millions
Isabelle Pion | La Tribune Publié le 9 mai 2024
Les technologies Skyrenu, une entreprise sherbrookoise, a été sélectionnée parmi les 20 finalistes qui pourraient mettre la main sur un grand prix de 50 millions, dans le cadre de la compétition XPRIZE Carbon Removal, financée par la Fondation Musk.
La jeune pousse issue de l’Université de Sherbrooke propose un système modulaire de captation afin d’emprisonner le dioxyde de carbone (CO2) directement de l’atmosphère.
Le matériau utilisé agit comme une éponge sélective pour le CO2, explique Martin Brouillette, chef de la technologie de Skyrenu et professeur à l’Université de Sherbrooke.
«Le matériau retient le CO2. Quand il est saturé, on prend cette éponge-là et on l’envoie dans une autre région de l’appareil où on l’expose à de la vapeur pour le faire chauffer et ça libère le CO2. On collecte le CO2 par la suite», explique M. Brouillette.
Skyrenu compte également un système de captation pour les résidus miniers et industriels afin de séquestrer le gaz carbonique.
L’entreprise sherbrookoise collabore notamment avec des institutions de Thetford Mines afin d’utiliser les résidus miniers amiantés. Le projet sert du même coup à la réhabilitation des sites.
Au Québec, on compte 800 millions de tonnes de résidus miniers amiantés disponibles, selon M. Brouillette.
En 2021, l’équipe avait remporté 250 000 $, grâce à l’obtention d’un des prix XPRIZE Carbon Removal Student Award.
C’est une belle histoire parce que c’est ce qui a permis de faire le développement de la technologie à l’Université de Sherbrooke.
Cette fois-ci, l’équipe franchit une importante étape.
Pour la phase finale de la compétition, les participants devaient notamment «démontrer une maturité opérationnelle», de même que le potentiel d’atteindre l’échelle du million et du milliard de tonnes de CO2 dans la prochaine année, tout en tenant compte des impacts environnementaux et sociaux de leurs solutions.
La captation de carbone doit se faire simultanément à la réduction des émissions, note M. Brouillette, lorsqu’on évoque certaines préoccupations qui ont été soulevées dans les médias en cette matière.
«Même si on réduisait nos émissions selon ce qui est demandé par l’Accord de Paris, ce n’est pas suffisant pour limiter les augmentations des températures. L’Accord de Paris demande aussi de retirer du CO2, qui est déjà dans l’atmosphère. C’est là que la captation du carbone entre en jeu, comme plein d’autres méthodes […] On ne voit pas ça comme un remède miracle.»
Ce traité international adopté en 2015 vise notamment à limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.
Les gagnants de la compétition seront connus en 2025. D’une durée de quatre ans, elle offre près de 100 millions en prix, dont 50 millions au lauréat.